A qui profite la guerre des pédégistes ?


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Jamais un premier ministre d’Ali Bongo n’aura fait couler autant d’encre et de salive. Julien Nkoghe Bekale, locataire à la Primature depuis une année et un mois, est devenu l’homme à abattre par une partie de sa famille politique. Il est aussi le soldat à sauver pour l’autre partie de la mouvance présidentielle. Cette dernière a récemment donné de la voix, via un communiqué de presse du groupe parlementaire du Parti démocratique gabonais. Les députés ont affiché leur soutien au Gouvernement et au premier ministre.

Une position logique après avoir accordé massivement sa confiance au Gouvernement le 27 décembre dernier. Pourtant cette nouvelle manifestation de soutien signée du président du groupe parlementaire PDG, Martin Mabala, s’adresse avant tout à une frange de la mouvance présidentielle, accusée d’avoir un agenda caché, s’adonnant à une « cabale ». Ses membres sont soupçonnés de vouloir la déstabilisation du pays. « Ils remettent surtout l’autorité du président de la République et font jouer à Nourredin le rôle du méchant », explique un député.

Au PDG, le linge sale se lave en public et par médias interposés. Parmi les différentes interprétations du soutien des parlementaires, il y’en a une qui est allègrement relayée par une certaine presse. « Le message des députés a pour destinataire la présidence de la République et dans une moindre mesure le clan Nourredin Bongo Valentin. Lequel clan d’après plusieurs sources veut placer à la tête du Gouvernement un homme de main, de confiance », expliquent le média en ligne Topinfosgabon. Une version qui fait du fils du président une espèce de faiseurs de roi. Il profiterait de sa nomination et de sa position familiale pour placer des proches. Une présomption d’affairisme qui rappelle de mauvais souvenirs avec les BLA boys.

Cette version a aussi pour effet d’opposer le premier ministre et Noureddin, comme si leurs rapports étaient exécrables. Ce qui est loin d’être le cas d’après certaines sources. Depuis le départ de l’ancien directeur de cabinet du président de la République, Brice Laccruche, les rapports entre Julien Nkoghe Bekale et les collaborateurs proches d’Ali Bongo sont mieux.

« Le problème avec le groupuscule tapis dans l’ombre est qu’il veut faire croire à l’opinion que le président du groupe parlementaire veut défier l’autorité du président » s’insurge le même député. Cette version est aussi relayée par la presse comme avec Gabon Média Time qui a titré le lundi 17 février : «  Martin Mabala dénie-t-il à Ali Bongo le pouvoir de virer Nkoghe Bekale de la Primature ? »

Les différents articles essaimant sur le sujet posent question quant à leur fréquence. Pour certains cadres du parti, ils sont commandités par des personnes prêtes à tout pour non seulement faire tomber le premier ministre et aussi semer le trouble.

Mais, ils cachent une fracture sérieuse au sein du PDG tant les attaques contre certaines personnalités dont le coordinateur général des affaires présidentielles sont nombreuses et virulentes.

Il y a une lutte de pouvoir de la machine PDG qui ne dit pas son nom. Une lutte intestine qui opposerait les anciens barons écartés par BLA et les nouveaux promus. Les premiers après avoir fait tomber l’ancien DCPR veulent revenir aux manettes. Et, s’il y a affinité pourquoi ne pas titiller le chef malade ? Les décisions du président Ali Bongo sont remises en cause d’une façon ou d’une autre. Ce qui pose la question de la capacité du capitaine à bord du navire.

Les Alistes purs et durs volent au secours du patron, toujours sur facebook. « Nous sommes tous pour Ali Bongo Ondimba », c’est le titre d’une publication qui circule dans la galaxie Bongo. Elle veut remettre les différentes factions devant leurs responsabilités. « Il n’est plus rare, de voir sur les réseaux sociaux, des soutiens du chef de l’État, pour certains avec des responsabilités, au sein de l’administration, et du parti, remettre publiquement en cause, les choix du président en matière de personnalité, ou attaquer frontalement, certains collaborateurs du chef de l’État. Et même, critiquer les membres du gouvernement, et les décisions gouvernementales, ou même celles de l’Assemblée Nationale,  » écrivent les soutiens du président du PDG. Ils concluent la publication par un appel à l’unité. « C’est unis, que nous allons être efficaces, pour Ali Bongo Ondimba  »,lancent-ils.

Seront-ils entendus ? Pour le moment la hache de guerre est bien déterrée. Bataille à suivre.