Assemblées annuelles du FMI : Verbatim d’Owono Mba lors d’un panel sur l’Afrique


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Sur invitation du Fonds monétaire international (FMI), le ministre de l’Economie, des Finances et des Solidarités nationales, Roger Owono Mba, a pris part à un panel sur le thème « Les perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne » aux côtés du directeur de la Banque centrale des Seychelles et chef du département Afrique du FMI.

Ci-dessous, le verbatim du ministre en charge de l’Economie lors de son intervention.

« Dans un contexte marqué par des incertitudes, l’Afrique subsaharienne poursuit sa reprise économique mais doit faire face à des risques croissants : les tensions dans le commerce international et la frilosité des marchés financiers ne favorise pas l’arrivée dans nos pays des capitaux étrangers. Ce qui réduit nos capacités de développement. »

« C’est d’autant plus vrai qu’en zone CEMAC et dans mon pays le Gabon, les économies restent marquées par la crise pétrolière de 2014 malgré la remontée du cours. Aux traces laissées par celle-ci s’ajoutent les tensions sécuritaires et géopolitiques dans certains pays, qui nuisent à la confiance des investisseurs et pèsent sur nos finances publiques. »

« Face à un tel constat, l’amélioration de la compétitivité et de la concurrence sont des voies pour le maintien d’une croissance soutenable et inclusive. Nous devons nous assurer que les économies africaines soient suffisamment solides pour résister par elles-mêmes aux chocs à venir. Il faut donc renforcer leur compétitivité en permettant au secteur privé d’innover et de mettre en place des stratégies de long terme favorisées par une concurrence libre. »

« Au plan institutionnel, nos Etats doivent se doter de structures à même de contribuer à améliorer le climat des affaires à travers la facilitation de la création des entreprises, la protection des investisseurs et la résolution des conflits. Nous devons aussi renforcer les efforts pour mettre en place des infrastructures de transport, énergétique et numérique, et dans le domaine de la formation. Par ailleurs, l’élargissement des marchés est une dimension à privilégier. C’est dans ce cadre que la ZLECAf a été créée. Les développements récents de celle-ci sont un facteur d’espoir. »

« Pour favoriser une croissance durable, je suis d’avis également qu’il faut s’intéresser à la problématique des arriérés domestiques qui fragilisent la confiance des investisseurs. Elle fait reposer le poids de la dépense publique sur le secteur privé, réduisant de fait sa compétitivité et sa capacité à embaucher. Elle déstabilise également le secteur bancaire, pourtant essentiel au financement de nos économies. »

« De manière plus générale, la croissance économique de notre continent est supérieure à la moyenne mondiale, les générations se renouvèlent plus vite qu’ailleurs et constituent une main d’œuvre jeune, dynamique et de mieux en mieux éduquée. Nos marchés sont autant d’opportunités pour les investisseurs étrangers de diversifier leurs placements et d’accroître leur rendement. »

« Ce sont ces atouts qui nous permettront de faire face aux tensions mondiales grandissantes. Il faut les faire fructifier, en consolidant nos économies par l’ouverture à plus de concurrence, à de nouveaux secteurs porteurs et à la coopération entre nos Etats. Pour cela, nous devons travailler à réduire la grande pauvreté, soutenir l’investissement dans les infrastructures et les secteurs d’avenir, assainir nos finances publiques tout en poursuivant les réformes structurelles nécessaires à la modernisation de nos institutions et à l’attractivité de nos économies. »

« Dans cette démarche l’accompagnement des PTF est déterminante. En effet, tout en donnant de la légitimité et de la crédibilité à nos politiques économiques, les appuis multiformes de ces institutions permettent de limiter l’impact des tensions externes, de soutenir la croissance et de canaliser les revendications d’ordres sociales. »