Burkina Faso : 6% de la population désormais déplacée en raison des violences selon le HCR


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Face aux attaques contre les civils et les forces de sécurité par des groupes djihadistes au Burkina Faso qui s’accélèrent et deviennent de plus en plus violentes, l’Agence des Nations Unies pour les réfugié (HCR) a appelé, vendredi, à une action concertée pour répondre aux besoins du nombre sans précédent de personnes contraintes de fuir à l’intérieur du pays et au-delà des frontières internationales.

« Plus de 1,3 million de Burkinabès sont devenus des déplacés internes en un peu plus de deux ans et 6% de la population du Burkina Faso est désormais déplacée à l’intérieur du pays », a déclaré le porte-parole du HCR Babar Baloch lors d’une point de presse à Genève, citant les nouveaux chiffres publiés cette semaine par le gouvernement du Burkina Faso.

Aucun signe de ralentissement des déplacements forcés

Aussi, le HCR signale que le rythme des déplacements forcés au sein du pays ne montre « aucun signe de ralentissement », alors que les attaques contre les civils et les forces de sécurité se poursuivent « sans relâche  ».

« Durant le premier semestre 2021, 237.000 personnes ont été forcées de fuir leurs foyers et ont rejoint d’autres régions du Burkina Faso, soit une forte hausse par rapport aux 96.000 personnes qui avaient été enregistrées au cours du second semestre 2020 », a déclaré M. Baloch.

Le nombre de réfugiés burkinabés a presque doublé en 6 mois

Le HCR est également alarmé par l’accélération du déplacement forcé en provenance du Burkina Faso. Il note que depuis janvier 2021, plus de 17.500 personnes ont fui vers les pays voisins. Le nombre total de réfugiés burkinabès a presque doublé en seulement six mois et l’on compte désormais 38.000 réfugiés et demandeurs d’asile burkinabés à travers la région, a précisé l’agence onusienne.

Le Niger voisin accueille 11.400 demandeurs d’asile burkinabès, alors que leur nombre s’élevait à 7.400 au début de l’année. Le mois dernier, quelque 900 demandeurs d’asile sont arrivés au Niger en provenance de Solhan au Burkina Faso, après avoir fui l’attaque la plus meurtrière dans le pays depuis 2015, lors de laquelle 130 personnes avaient été tuées.

Le HCR, ses partenaires et les autorités fournissent des vivres, des abris, des articles de secours et des soins de santé. Malheureusement, la violence et l’insécurité continuent d’entraver l’accès humanitaire.

Le Mali accueille actuellement 20.000 demandeurs d’asile burkinabès, dont 6.600 personnes qui sont arrivées dans la région de Tombouctou durant la seule année 2021. L’agence onusienne fait valoir qu’il il est possible que ce nombre soit encore plus élevé, les conditions de sécurité limitant l’accès humanitaire dans cette partie du Mali.

Au nord du Bénin, une mission du HCR a récemment enregistré 179 demandeurs d’asile burkinabès. Des milliers d’autres vivraient toutefois dans des zones frontalières inaccessibles aux travailleurs humanitaires pour des raisons de sécurité.

Le partenaire gouvernemental du HCR au Bénin, le Comité national pour les réfugiés, prépare actuellement un plan d’urgence pour aider au moins 4.500 demandeurs d’asile.

La Côte d’Ivoire, également le théâtre de cette tendance inquiétante, a reçu ses premiers demandeurs d’asile burkinabès en mai, lorsque quelque 430 personnes sont arrivées en quête de sécurité. Le HCR, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’ONG Caritas et son partenaire gouvernemental, a fourni des abris et des kits d’hygiène.

Prêts à aider les déplacés et appuyer les communautés

Le HCR réitère son appel à une action concertée pour la paix et la stabilité au Burkina Faso et dans les pays voisins du Sahel central, le Mali et le Niger, qui connaissent également une forte augmentation de la violence et des déplacements forcés.

« Avec nos partenaires, nous nous tenons prêts à aider les personnes nouvellement déplacées et à apporter notre appui aux autorités et aux communautés d’accueil qui sont en première ligne des efforts de réponse  », a déclaré M. Baloch.

Des ressources supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour répondre aux besoins humanitaires croissants au Burkina Faso et dans les pays voisins. Les besoins du HCR en matière de financement pour le Sahel central en 2021 sont de 259,3 millions de dollars. A ce jour, seule la moitié des fonds recherchés a été reçue.