L’exilé politique gabonais, Alfred Mabika propose une conférence sur l’indépendance de l’Afrique


Crédit photo : © 2019 D.R.

L’ancien PDG de La poste gabonaise, exilé politique en France depuis 2016 ne démord pas d’une ambition politique de voir le Gabon et partant l’Afrique véritablement indépendants. Dans ce sens, l’ancien ministre, dignitaire fils de Mouila, Alfred Mabika Mouyama a présenté vendredi dernier au grand hôtel de Paris, le fruit de ses réflexions intellectuelles : « Ivumunu. Le souffle de l’exil » et « L’Afrique, La République de demain » parues en 2019 aux éditions du Silence. Le natif de Dissiala nourri par une puissante conviction sait que l’Afrique offre les conditions pour l’instauration d’une République conforme aux droits de l’homme, à l’intérêt général et au développement économique et humain.

Qui aurait parié que les tribulations politiques avec le régime de Libreville feront de l’ancienne figure de proue des Rénovateurs, un chantre d’un destin africain épuré des arcanes françafricaines ? Ainsi, c’est à l’occasion d’une conférence ouverte au grand public venu nombreux organisée à Paris qu’Alfred Mabika a dévoilé ses confessions (Ivumunu), qui retracent l’itinéraire de sa mise en exil et livre aux lecteurs les enseignements qu’il en a tiré. Notamment, l’expression de sa rupture qui paraît assumée d’avec le régime qualifié de despotique, dirigé par son ex « compagnon et frère » Ali Bongo. Mais aussi, ses visions nouvelles d’une Afrique libre et démocratique.

Le public a répondu présent à l’appel d’Alfred Mabika

En, effet dans son Ivumunu. Le Souffle de l’exil, en réfugié politique qui a subi de plein fouet les affres du système Bongo-PDG, Alfred Mabika livre sa part de vérité retrouvée à travers le temps d’un recul nécessaire afin de penser un Gabon, une Afrique nouvelle épris de liberté démocratique. Lui qui a été au cœur du système Bongo-PDG déclara ouvertement sans langue de bois : sa conviction que la mauvaise politique pratiquée dans son pays provient essentiellement d’une cause : « son pays est hélas un pays de dictature ».

Dictature dans laquelle ajoute l’ancien directeur de campagne d’Omar et d’Ali Bongo « de mauvais dirigeants politiques concentrent l’effectivité de l’ensemble des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire dont ils abusent au gré de leurs intérêts et qu’ils travestissent pour ’’châtier’’ et ’’réduire’’ tous ceux qui sont accusés ou même uniquement soupçonnés de ne pas leur faire une totale allégeance et de pouvoir, voire simplement vouloir leur faire de l’ombre dans le pays ».

Barro Chambrier félicitant Alfred Mabika pour son combat et sa résilience politique

Cet état de fait regrettable a martelé l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports « contraste pourtant avec les aspirations profondes de la majorité des citoyens qui rêvent de voir leur pays s’ouvrir à la démocratie véritable ». Partant, relève l’enseignant chercheur en droit privé, sieur Axel Mayombo lors de sa recension critique de ses publications, «  l’auteur expose le constat que l’organisation politique actuelle, encore trop répandue sur le continent africain et fondée sur la dictature et le reniement de la démocratie et de la volonté des peuples, est inapte à produire une société et un Etat prospères et justes ».

Selon celui qui pensa déjà en 1994 Stratégie et redéploiement de l’économie gabonaise ,«  il est donc urgent de l’abandonner et d’adopter une organisation et des pratiques permettant d’associer davantage le peuple directement à la gestion de la citée, et favorisant l’alternance pacifique au pouvoir, qui est regrettablement empêchée par le contenu et l’application de constitutions imposées dans nos pays et qui n’ont pour véritable et ultime dessein qu’assurer le maintien au pouvoir de dirigeants dictateurs ». Aussi propose-t-il de ’’mettre de coté ces constitutions’’ protectrices des régimes et sociétés totalitaires.

Tita Nzebi, invitant (fulani) au retour aux racines culturelles proposé par Alfred Mabika

In fine, l’ancien conseiller Financier et Secrétaire général du Ministère gabonais des Finances et du Budget qui semble appris et mûri une nouvelle vision de son exil politique en France « conçoit alors et présente une esquisse d’une nouvelle société politique plus inclusive, plus protectrice de tous et plus juste inspirée de l’organisation politique qui avait cours dans les sociétés traditionnelles africaines. » L’auteur exprime donc et nourrit l’ambition que l’Afrique en général et le Gabon en particulier seront un espace de démocratie, de recherche du consensus, de promotion et de respect des droits, ou ne seront malheureusement pas.

Pour y parvenir dans la perspective de cette construction nouvelle, l’ancien ministre du Commerce et du Tourisme propose une solution ravivant le rêve des pères fondateurs du panafricanisme et des indépendances africaines : l’organisation d’une conférence portant sur l’indépendance réelle de l’Afrique qu’il nomme « Conscience Africaine ». Mû par une foi inébranlable, Alfred Mabika affirme, « qu’entre l’Afrique et le reste du monde, une éthique de considération doit naître pour rendre le développement possible ». Lucidité retrouvée ? Coup d’éclat politique du rapport de force ? Les jours à venir nous éclairerons davantage sur la nouvelle posture politique du Grand Officier et Chevalier dans l’ordre National du Mérite Gabonais et Français.