Plusieurs responsables des Nations Unies, dont le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, ont félicité, vendredi, la journaliste philippine Maria Ressa et le journaliste russe Dmitry Muratov, lauréats du prix Nobel de la paix.
« Partout dans le monde, une presse libre est essentielle pour la paix, la justice, le développement durable et les droits de l’homme – et la pierre angulaire de la construction d’institutions justes et impartiales », a déclaré M. Guterres à la presse à New York. « Aucune société ne peut être libre et juste sans des journalistes capables d’enquêter sur les actes répréhensibles, d’informer les citoyens, de demander des comptes aux dirigeants et de dire la vérité au pouvoir », a-t-il ajouté.
Il a regretté que « la rhétorique anti-médias et les attaques contre les travailleurs des médias continuent d’augmenter ». Il a noté « une augmentation de la violence et du harcèlement contre les journalistes, physiquement et en ligne », les femmes journalistes étant souvent soumises « à des abus particuliers ».
« Dans le même temps, si la technologie a transformé la manière dont nous recevons et partageons l’information, elle est également utilisée pour tromper l’opinion publique ou alimenter la violence et la haine. Les mensonges l’emportent sur les faits, et cela ne peut pas devenir la nouvelle norme. Le journalisme libre et indépendant est notre meilleur allié dans la lutte contre les informations fausses et trompeuses », a ajouté le chef de l’ONU.
Importance du travail des journalistes
A Genève, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a également salué la « reconnaissance de l’importance du travail des journalistes dans les circonstances les plus difficiles ». Ils ont été récompensés pour leurs efforts visant à préserver la liberté d’expression, « qui est une condition préalable à la démocratie et à une paix durable », a souligné à Oslo la présidente du Comité Nobel, Berit Reiss-Andersen.
Pour le Comité, le travail de ces deux journalistes s’inscrit dans une lutte plus large pour la protection des libertés de la presse. « Ils sont les représentants de tous les journalistes qui défendent cet idéal dans un monde où la démocratie et la liberté de la presse sont confrontées à des conditions de plus en plus défavorables », a écrit le Comité.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a dénoncé une augmentation ces dernières années des attaques contre les professionnels des médias. « Au fil des ans, nous avons constaté une hausse des attaques contre les journalistes et pendant les périodes de confinement ou de semi-confinement de la pandémie de Covid-19 également », a déclaré une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, lors d’un point de presse à Genève.
« Je pense que je parlerais au nom de la Haut-Commissaire (Michelle Bachelet) en disant félicitations à tous les journalistes qui font leur travail pour nous tenir informés et pour amplifier les voix des victimes partout dans le monde », a-t-elle ajouté.
De son côté, la porte-parole de l’Office des Nations Unies à Genève a affirmé que la question de la liberté de la presse est une « thématique chère » pour l’ONU. « C’est très important pour les droits humains », a dit à la presse la Directrice de l’information de l’ONU à Genève, Alessandra Vellucci, tout en adressant ses félicitations aux deux journalistes.
Pour l’UNESCO, la liberté d’expression est l’élément vital de la démocratie
L’an dernier, le Nobel de la paix avait été décerné au Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies pour ses efforts contre la faim dans le monde.
Pour cette agence onusienne basée à Rome (Italie), la récompense cette année est « une reconnaissance prestigieuse du rôle important que Mme Ressa et M. Muratov ont joué dans la promotion de la paix ». « Le PAM, lauréat de l’édition 2020, est ravi de transmettre le flambeau, convaincu que le besoin de paix dans le monde est aussi urgent aujourd’hui qu’il y a un an », a dit dans un communiqué, David Beasley, Directeur exécutif du PAM. « Le PAM est fier d’avoir été le porte-drapeau des grands idéaux du Nobel pendant un an et d’avoir mis en lumière le rôle essentiel de l’aide alimentaire dans la construction de voies vers la paix, la stabilité et la prospérité », a-t-il ajouté.
La Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay, a également adressé ses félicitations aux deux journalistes. « La liberté d’expression est l’élément vital de la démocratie », a-t-elle dit sur son compte Twitter.
Agé de 61 ans, M. Muratov, un des fondateurs et rédacteur en chef du journal russe Novaïa Gazeta, « a depuis des décennies défendu la liberté d’expression en Russie dans des conditions de plus en plus difficiles », a souligné le jury. Quant à Maria Ressa (58 ans), avec son média d’investigation Rappler cofondé en 2012, « elle utilise la liberté d’expression pour exposer les abus de pouvoir et l’autoritarisme croissant dans son pays natal, les Philippines », salue le Comité.
Maria Ressa a été la lauréate 2021 du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano. Ancienne correspondante de CNN en Asie du sud-est, Maria Ressa a fondé en 2012 le média Rappler aux Philippines où elle est née en 1963. Elle a également participé à de nombreuses initiatives internationales visant à promouvoir la liberté de la presse.