Depuis le coup d’État du 30 août 2023, Sylvia Bongo est détenue au Gabon dans des conditions inhumaines. Officiellement accusée de détournement de fonds, son arrestation et sa détention révèlent une volonté politique de la part du régime militaire en place. Torture, pressions psychologiques et détention arbitraire font de son cas un exemple frappant de répression politique.
Le 30 août 2023 restent gravés dans la Sylvia Bongo est enlevée en marge du coup d’État qui renverse Ali Bongo Ondimba par des hommes cagoulés pénètrent dans la résidence présidentielle. Selon le témoignage de Jalil Bongo, ils enlèvent sa mère sous la menace des armes avant de la placer en détention sans aucun mandat officiel.
Privée de tout contact extérieur pendant plusieurs semaines, elle est assignée à résidence, puis incarcérée. L’accès à ses avocats est outrageusement très limité, et aucune preuve tangible n’est présentée pour justifier une telle mesure.
Une justice aux ordres du pouvoir
Dans les jours qui suivent, les nouvelles autorités tentent de justifier cette « arrestation ». Des images montrant Noureddin Bongo, le fils de Sylvia, aux côtés de piles de billets circulent abondamment sur les chaînes nationales et sur internet. Mais, selon son frère Jalil, ces images ont été mises en scène avant même toute perquisition officielle et une analyse des images montre que la vidéo a été prise devant l’État major de la Garde Républicaine.
Quant à Sylvia Bongo, elle a été forcée de signer des documents sous la menace, notamment des ordres de virement bancaires, sous la pression de voir son fils mourir en détention. Une stratégie qui est la marque des régimes autoritaires où la justice devient un outil de répression plutôt qu’un garant du droit.
Tortures
Le témoignage de Jalil Bongo met en lumière un aspect encore plus inquiétant : la torture physique et psychologique dont ont été victimes Sylvia et son fils Noureddin. Ce dernier a été attaché, électrocuté, fouetté et soumis à des simulacres de noyade sous les yeux de sa mère. Elle-même aurait été maintenue de force, scotchée à une chaise pour l’empêcher d’intervenir. Sylvia Bongo a ailleurs été étranglée, battue et s’est vue plonger la tête dans l’eau par des bourreaux sadiques…
Face à ces graves accusations, la justice française a décidé d’ouvrir une enquête en janvier 2025, confiée à un magistrat du pôle crimes contre l’humanité. Cette procédure va apporter des éléments concrets sur le traitement réservé à Sylvia et Noureddin Bongo en détention.
Une détention arbitraire à caractère politique
L’affaire Sylvia Bongo illustre un cas typique de détention politique. Un prisonnier politique est une personne détenue non pour des crimes avérés, mais parce qu’elle représente une menace pour le pouvoir en place.
Amnesty International rappelle que : « tout individu emprisonné pour avoir exercé pacifiquement ses droits fondamentaux ou en raison de son influence politique peut être qualifié de prisonnier politique. » Dans le cas de Sylvia Bongo, le caractère arbitraire de son arrestation, l’absence d’un procès équitable et les pressions exercées sur elle tendent à démontrer que sa détention répond avant tout à une volonté politique de neutraliser une figure influente du régime précédent.
Comme le disait Vaclav Havel , ancien président tchèque et dissident politique : « Le drame du prisonnier politique, ce n’est pas seulement la privation de liberté, mais la tentative de l’effacer en tant qu’individu et de briser sa dignité. »
Un état de santé préoccupant
La situation de Sylvia Bongo et de son fils Noureddin suscite une inquiétude grandissante, notamment en ce qui concerne leur état de santé en détention. Selon des informations récentes, leurs conditions de détention seraient sévères, avec des allégations de mauvais traitements physiques et psychologiques précises. Ces accusations ont conduit la justice française à ouvrir une enquête en janvier 2025 pour des faits de torture, confiée à un magistrat spécialisé.
La torture – en principe - est formellement interdite au Gabon par plusieurs textes législatifs et internationaux. La Constitution garantit la dignité humaine (Article 10), et l’article 202 du Code pénal condamne les traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le Gabon a ratifié la Convention des Nations Unies contre la torture (1984), qui définit la torture comme un traitement cruel et inhumain.
De plus, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’homme interdisent également la torture (Articles 7 et 5 respectivement). Toutefois, les conditions de détention de Sylvia et Noureddin Bongo soulignent un écart préoccupant entre ces principes et leur mise en œuvre effective mais révèlent aussi la nature réelle des nouvelles autorités gabonaise qui s’obstinent à nier ces accusations graves quand ils ne parlent pas « d’agitation médiatique »...
Jocksy Andrew Ondo-Louemba